MA TUNISIANITE...
Ma Fête De L'Indépendance
Le 20 mars 2014...
1. La Tunisianité n'est pas donnée une fois pour toutes. Elle est à ré-inventer tous les jours et par chacun de nous. Elle ne se restreint pas à exhiber une carte d’identité officielle. Elle ne peut être confondue avec les seules définitions juridiques qu’on veut lui imposer : le droit du sang ou le droit du sol. Il n’appartient à aucune institution de nous imposer une forme particulière de Tunisianité. Car elle les dépasse et les nourrit. La Tunisianité est une dynamique du sentiment d’être. Elle est l'enfant de notre imaginaire à tous, de notre désir de vivre ensemble une aventure particulière qui ne ressemble pas aux autres. Elle est donc et avant tout, Projection et Espoir Collectifs.
Cessons de croire et de nous conduire, par conséquent, comme si elle était définitivement définie, et que l'on connait déjà son visage. Tout comme l'enfant en gestation, dont même la mère ne connait pas encore l'odeur ou le visage, la tunisianité n'existe qu'à travers le dévoilement et l'incomplétude. Elle est la vie de cet enfant qui va naître en chacun de nous. Et si nous n'avons pas l'occasion, chaque année, de vivre dans l'émotion la plus intense, le corps collectif que nous lui attribuons, que nous formons organiquement en un jour particulier ( un 1 juin 1955 ou un 14 janvier 2011 par exemple), gardons au plus profond de nos mémoires la certitude de cet attachement à sa perpétuation, par delà les symboles qui peuvent lui être attachés.
2. La Tunisianité est l’œuvre de chacun sans exception et sans limite, même si nous nous rangeons pour la vivre derrière quelques vers de poète ou quelque geste d'artiste ou le sacrifice de la vie de l'un de nous. Ne permettons à personne de dire ses traits définitifs ou de la confondre avec un attribut qui puisse exclure l'apport de qui que ce soit. La Tunisianité n’est pas un mur. La Tunisianité n'est pas frontière, elle est OUVERTURE vers l'horizon, vers l'ailleurs, vers l'avenir. Elle est liberté. Elle l'est l'océan à arpenter encore pour des générations et des générations. Ce sont nos créativités différentes qui en sont les outils et aussi et surtout qui en sont le but suprême. Elle se fonde sur l'homme et ses promesses de changement. Elle me positionne dans une attente. Un attente d'être fécondé par le mot, le geste, le rire de mon voisin. De l'inconnu qui s'avère être ma complémentarité, sans que je ne l'ai su à l'avance. La Tunisianité me fait partager la saveur du "nous" comme la forme la plus accomplie de l'altérité. Elle me fait ré-interpréter le monde qui bouge tout autour de moi.
3. Ma Tunisianité m'a ouvert les yeux et m'a fait « m'estranger », m'exiler hors de moi même, m'exiler vers les autres comme les chiens et les autres animaux qui nous apprennent l'empathie, l’attachement, et même la tendresse. Si nous réussissons à faire de la tendresse pour l'artiste, l'inhabituel , pour le différent, l'inouï et le non conforme, si nous réussissons à faire qu'un jour cette tendresse là devienne observable spontanément chez chacun de nous, bref, qu'elle devienne un trait collectif, une distinction culturelle, "une Tendresse Sociale", alors, la Tunisianité aura la couleur de l'humain .
Paris le 20 mars 2014
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Pars ! Restes !
La radio débite des fadaises. « Une barque chavire en Méditerranée. « Plusieurs morts dont certains ne savaient pas nager » ».
Des canots de fortunes remplis de rêveurs condamnés par contumace. Ils sont absents de leur propre procès évité de justesse. Des repris… D'une intention de vie meilleure.
Ils sont remplis par d’autres horizons…
Par d’autres libertés, en quelque sorte.
Nous respirons un même air. Pourtant certaines respirations sont faites de papiers, faites de cachets, faites de calmants.
Visées par un visa…
Une lunette à courte portée qui entasse notre humanité et réduit les âmes voyageuses.
Tous regardent la mer… Elle est source de problèmes et d’espoirs.
Elle est frontière liquide si large, si molle, impossible à tracer.
Ses vagues sont des berceuses qui sont aussi des gémissements dans des flux, dans des reflux, répétitifs.
Des étouffements…
Mohamed témoigne : « Je ne savais pas qu’en quittant la Tunisie vers l’Europe, je deviendrais Karima, j’astique, je nettoie, je lave le linge et je dors dans mes cartons sous un pont. »
Des tâches si ménagères reléguées aux femmes, dans des refus obstinés.
L’indignité commence sur un radeau, solide de croyances faciles qui ne conduisent nulle part...
Une planche de salut, pourrie.
Chawki DACHRAOUI.
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Vivre ensemble, vivre seule Parfois…
Vivre ensemble, vivre seule
Parfois, je me demande,
Dois-je aimer le bruit du monde
Ou la douceur du silence ?
J’aime les éclats de rires,
Les échanges, les élans,
Mais à force de donner,
Je me perds, je me vide.
Je prends plaisir à enseigner,
À voir briller leurs regards,
Mais chaque mot offert
M’arrache un peu d’énergie.
Le musée m’apaise,
Un refuge, un souffle,
Mais les présences autour
Pèsent parfois trop lourd.
Sortir, marcher, respirer,
Choisir mon chemin,
Éviter les ombres,
Préférer le détour
Plutôt qu’un monde Qui m’épuise.
Être là, tendre la main,
Mais jusqu’où sans me briser ?
Soutenir, être soutenue,
Porter, être portée.
Parfois, j’illumine,
Parfois, je dérange.
Trop d’éclat attire l’orage,
Trop de force éveille l’envie.
Alors, je m’échappe,
Un instant, un refuge,
Un monde où je respire
Sans être dévorée.
Sur ce chemin incertain,
Des amis, des jaloux, des ombres,
Mais vivre ensemble,
C’est savoir me retrouver
Sans jamais m’oublier.
Mme Sana LETAIEF – 22 Mars 2025
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L’épuisement des passions.
Comment définir la passion ? Ce sont des coups de foudres permanents répétitifs. Les passions arrivent en cascades et repartent en saccades.
Parfois la passion baille, s’étire, hiberne et devient léthargique. Elle s’assoupit, sieste, se bourre la gueule au point d’être indifférente à tout ce qui l’entoure. Elle regarde les plafonds à la recherche d’une araignée, qui engouffre ses fils transparents dans les fêlures millimétriques des neurones. Il lui arrive de regarder passer les trains en les comptant. Une béatitude s’installe, celle de l’euphorie indifférente. Le ravissement n’est plus ravinement. Les entailles sont surfaces. Ils ne sont plus entrailles. Ils ne creusent plus de faim. On est rassasiés. La terre est plate, on peut y marcher sans tomber, en se tenant debout. C'est si simple. Cependant, l’attraction est bien réelle et la gravité est pesanteur.
On rêve à peine, vissé dans le non songe.
Et puis, la passion déferle tel un torrent qui happe tout sur son passage. C’est une crue. Elle brûle de l’intérieur et devient braise, musique, une note, puis une seconde, et c’est un concert. Le cœur est gonflé. Il ne tient plus en place. Il grossit à vue de mots, devient pluriel et remplit tout le corps. Les veines sont des chœurs qui exaltent, qui enfièvrent, qui raniment. La gravitation a disparu. On chancèle, on vacille, on flotte pour finir par planer.
La passion est agile. Elle rampe, grimpe les crêtes, s’enroule autour de pics dans de jouissantes constrictions.
Quand le sommeil vient pour éteindre les lumières d’une passion, elle refuse d’obtempérer. Elle se cabre devant les yeux du regardeur et devient sujet, le désir d’un rêve. L’égarement est fragmenté et éclate en petits morceaux heureux. C’est ainsi que le sommeil devient réparateur. Il continue la passion au point de l’alimenter à chaque réveil. Elle ne devient que plus forte, que plus envahissante, que plus entière. Comment l’exprimer ?
On finit par garrotter son incandescence dans une phrase. Puis on la noue. On la carotte. On la coupe, On la découpe. On la ramasse, on la masse, on la tasse. On la ressasse. On l’enlace. On la taille en bavette.
Elle devient fissures, brisures et cassures. Elle devient ardente, errante, haletante.
Je vis de mes passions. Je traque la naissance, la genèse des objets. Je cherche leurs anciennes vies, leurs battements éteints. Mon armoire grise renferme des images et des lettres. Elles sont prisonnières. J’en libère quelques-unes parfois au gré d’un mot, d’un texte, d’une ombre d'image. Mes livres débordent d’histoires à dormir debout. Je reste leur seul lien quand je les feuillètes. Je les consumes. J’attends un clic, un déclic, un déclencheur qui me verra reconstruire un monde désuet, insignifiant, le temps d’un instant.
C’est ainsi que je voyage dans l'urgence, sans bouger d’un pouce.
Chawki DACHRAOUI - 23 Février 2025
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